Ce matin nous nous rendons sur le site de Paulilles pour assister à une messe célébrée en hommage aux anciens employés de l’usine Nobel. Nous passons un moment à la maison de site qui sert d’accueil au public et qui présente, entre autres, des photos anciennes. Nous discutons avec des retraités de la fabrique de dynamite. On sent beaucoup d’émotion sur les visages et dans la parole de ces personnes qui ont passé une grande partie de leur vie sur ce site.
A la fermeture de l’usine en 1984, cette friche industrielle a été achetée par un promoteur dans le but d’y construire un complexe touristique important, mais la pression des opposants locaux fera échouer le projet. En 1988 le conservatoire du littoral rachète les 32 hectares avec le soutien du conseil général. Les paysages, la faune, la flore et le patrimoine sous marin seront préservés.
En l’an 2000 le conservatoire en confie la gestion au département qui valorise à partir de 2005 une surface de 17 hectares. Un territoire historique et paysager est alors ouvert au public en 2008. Un aménagement permettant au site de retrouver son histoire de façon à la faire connaitre au grand public. On voit ici, près de l’accueil, l’ancien jardin du directeur de l’usine.
L’ancienne cheminée de l’usine a été conservée, elle s’élève à 30 mètres du sol. A côté 3 bâtiments ont des affectations diverses. L’un d’eux abrite l’atelier départemental de restauration des barques catalanes. Le but est de reconstituer une petite flotte qui naviguera sur la côte vermeille pour le plus grand plaisir des autochtones et vacanciers. Cet atelier est ouvert au public, on peut voir les charpentiers oeuvrer à la remise à flots de ce patrimoine marin local.
Cette première messe commémorative sera célébrée sur l’esplanade, près de la plage « del mitg », la plage de l’usine. Il faut savoir que Paulilles a longtemps vécu en autarcie, avec ses logements, son école et son église. Nous sommes accueillis par Monsieur Moly, maire de Collioure et conseiller général du canton. C’est le Père Martin Gabet, curé de la côte vermeille, qui célébrera la messe.
Les enfants de choeurs accompagnent les confrères de l’archiconfrérie de la Sanch qui portent le Dévot Christ de Cosprons près de l’autel. Cosprons est un hameau de Port Vendres, tout près de l’usine, qui a son église aussi. Avant la célébration nous avons eu une pensée pour toutes les personnes qui ont travaillé ici et particulièrement pour celles qui y ont laissé leur vie lors d’accidents, d’explosions dans les ateliers.
Tous les acteurs de cet événement se sont démenés pour la réussite de cette première commémoration. Une foule conséquente avait fait le déplacement malgré l’incertitude du temps. C’est d’ailleurs à la demande d’anciens salaries de l’usine, nombreux à être présents à cette cérémonie, avec le soutien du conseil général, que la messe a pu être célébrée ce jeudi de l’Ascension.
La présence du Dévot Christ de Cosprons qui aurait été trouvé sur cette plage au XVIIe siècle, et de Sainte Barbe, patronne des artificiers, aimablement prêtée par les pompiers de Banyuls sur mer, village voisin, témoigne de la ferveur avec laquelle cet événement a été célébré.
Ce qui devait arriver arriva: la pluie fit son apparition, mais comme elle était annoncée tout le monde avait plus ou moins prévu des équipements. En tout cas elle n’a pas du tout perturbé le recueillement des personnes qui sont restées concentrées sur cet événement. A la fin de la cérémonie l’assistance à chanté en choeur le « Virolaï » de Montserrat, en Catalan bien sûr.
Après la célébration religieuse nous nous sommes presque tous retrouvés dans une salle, petite vue le nombre de participants, pour partager le verre de l’amitié offert par le conseil général des Pyrénées Orientales. Ce moment permit à beaucoup de personnes de se remémorer de bons souvenirs, les mauvais, semblant être oubliés. J’avais moi même un petit pincement au coeur, j’étais venu plusieurs fois dans cette usine au début de mon activité commerciale chez Mobil, nous étions les fournisseurs de lubrifiants.
Voilà une très belle initiative qui mériterait d’être pérennisée, et qui le sera je pense.